Position des USA sur la liberté d'Internet

La Secrétaire d’État Hillary Clinton a livré un discours à propos de la liberté dans Internet, nous informe le site suisse IP-Watch.

Voici le début de la transcription intégrale en français du discours (les documents du gouvernement des USA sont dans le domaine public):

DÉPARTEMENT D’ÉTAT DES ÉTATS-UNIS
Bureau du porte-parole
Pour publication immédiate: Le 21 janvier 2010
2010/083
Allocution prononcée par
Madame la Secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton
sur la liberté d’Internet
Le 21 janvier 2010
The Newseum
Washington, D.C.
LA SECRÉTAIRE CLINTON
Merci beaucoup Alberto, non seulement pour ces aimables propos, mais aussi pour le leadership dont vous et vos collègues faites preuve au sein de cette importante institution. Je suis heureuse de me trouver aujourd’hui au Newseum, un monument qui honore certaines de nos libertés les plus précieuses, et je vous suis reconnaissante de l’occasion qui m’est offerte de démontrer comment ces libertés s’appliquent aux défis du 21ème siècle.
Bien que je ne puisse pas vous voir tous, car dans les situations comme celle-ci, les lumières sont braquées sur moi alors que vous êtes dans le noir, je sais qu’il y a parmi vous de nombreux amis et anciens collègues. Permettez-moi de saluer la présence de Charles Overby, le PDG du Freedom Forum qui se tient au Newseum; Les sénateurs Richard Lugar* et Joe Lieberman, mes deux anciens collègues du Sénat, qui ont tous deux oeuvré pour l’adoption de la loi « Voice Act », qui témoigne de l’engagement du Congrès et du peuple américains envers la liberté de l’Internet, un engagement qui transcende les divisions partisanes et les branches du gouvernement.
On m’informe que sont aussi parmi nous les sénateurs Sam Brownback et Ted Kaufman, la représentante Loretta Sanchez, de nombreux représentants du corps diplomatique, des chargés, ainsi que des participants à notre Programme de leadership pour visiteurs internationaux sur la liberté d’Internet, venus de Chine, de Colombie, d’Iran, du Liban et de Moldova. Je salue également la présence de Walter Isaacson, président de l’Aspen Institute, qui vient récemment d’être nommé membre de la direction du Conseil de la télédiffusion, et qui a, bien sûr, joué un rôle crucial de soutien au travail sur la liberté d’Internet accompli par l’Aspen Institute.
Il s’agit d’un discours important sur un sujet très important. Mais, avant de commencer, je voudrais juste parler brièvement d’Haïti, parce que depuis huit jours, les peuples d’Haïti et du
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monde entier se sont unis pour confronter cette tragédie dont l’ampleur passe l’entendement. Notre hémisphère a vécu bien des épreuves, mais il existe peu de précédents comparables à la situation que nous connaissons à Port-au-Prince. Les réseaux de communication ont joué un rôle critique dans le cadre de notre réponse. Ils ont, bien sûr, été ravagés et, dans de nombreux endroits, totalement détruits. Durant les heures qui ont suivi le séisme, nous avons collaboré avec nos partenaires du secteur privé, tout d’abord pour lancer la campagne de SMS « HAÏTI », pour que les utilisateurs de téléphones mobiles aux États-Unis puissent faire des dons aux opérations de secours par le biais de messages SMS. Cette initiative témoigne de la générosité du peuple américain car, jusqu’à présent, elle a déjà mobilisé plus de 25 millions de dollars pour les efforts de redressement.
Les réseaux d’information ont aussi joué un rôle critique sur le terrain. Quand j’ai rencontré le Président Préval à Port-au-Prince samedi, l’une de ses principales priorités visait à remettre les systèmes de communication en état de marche. Les membres du gouvernement, ou ce qu’il en restait, ne pouvaient pas communiquer les uns avec les autres, et les ONG, de même que nos dirigeants civils et militaires ont été gravement touchés. Des technologistes ont créé des cartes interactives pour faciliter l’identification des besoins et le ciblage des ressources. Lundi, une fillette de sept ans et deux femmes ont été retirées des décombres d’un supermarché par une équipe américaine de recherche et sauvetage après avoir envoyé un SMS appelant au secours. Ces exemples sont des manifestations d’un phénomène beaucoup plus vaste.
L’expansion des réseaux d’information est en train de former le nouveau système nerveux de notre planète. Quand il arrive quelque chose en Haïti ou à Hunan, nous en sommes informés en temps réel – de la part de personnes réelles, ce qui nous permet aussi de réagir en temps réel. Ces Américains qui ont hâte de prêter main forte après une catastrophe et cette petite fille prisonnière des décombres du supermarché sont désormais connectés d’une manière qui eût été inimaginable il y a un an et, a fortiori, une génération. Ce même principe s’applique à l’humanité contemporaine presque dans son intégralité. N’importe qui ici présent – ou plus probablement n’importe lequel de nos enfants – peut utiliser les outils que nous sommes nombreux à emporter avec nous tous les jours et retransmettre cette discussion auprès de milliards d’individus dans le monde entier.
Certes, à de nombreux égards, jamais l’information n’a-t-elle été aussi libre. Il y a plus de moyens de diffuser plus d’idées qu’à aucun moment de l’histoire. Même dans les pays autoritaires, les réseaux d’information aident les gens à découvrir de nouveaux faits et à rendre les gouvernements plus comptables de leurs actes.
Durant sa visite en Chine en novembre, par exemple, le Président Obama a organisé un forum-débat public assorti d’une participation en ligne sur l’importance d’Internet. En réponse à une question posée sur Internet, le Président a défendu le droit des peuples à un accès libre à l’information et a ajouté que plus l’information circule librement, plus les sociétés deviennent fortes. Il a déclaré que l’accès à l’information aide les citoyens à demander des comptes à leurs propres gouvernements, à générer de nouvelles idées, à encourager la créativité et l’entrepreneuriat. C’est cette foi qu’ont les États-Unis en cette vérité de base qui constitue la raison de ma visite ici aujourd’hui.
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En effet, alors que nous vivons une montée en puissance sans précédent de la connectivité, nous devons aussi admettre que ces technologies ne constituent pas des bienfaits absolus. Ces mêmes outils sont utilisés pour saper le progrès humain et les droits de l’homme. A l’instar de l’acier qui peut être utilisé pour construire des hôpitaux ou des mitrailleuses, ou de l’énergie nucléaire qui peut alimenter une ville en électricité ou la détruire, les réseaux modernes de l’information et les technologies qui les sous-tendent peuvent être utilisés à bon ou à mauvais escient. Ces mêmes outils qui permettent d’organiser des mouvements pour la liberté permettent aussi à Al-Qaïda de propager la haine et d’inciter à la violence contre les innocents. De plus, les technologies qui ont le potentiel d’élargir l’accès à l’État et de promouvoir la transparence peuvent être détournées par l’État pour mater la dissidence et nier les droits de l’homme.

Ce contenu a été mis à jour le 2010-01-29 à 15 h 17 min.