Possession du droit d’auteur et oeuvres exécutées dans le cadre d’un emploi, voir respectivement l’alinéa 1 et 3 de l’article 13 de la Loi sur le droit d’auteur. Source: Loi sur le droit d’auteur, LRC 1985, c C-42, art 13, https://canlii.ca/t/ckj9#art13, consulté le 2021-11-10
Ressources éducatives libres (REL), voir l’exemple de la FabriqueREL.org.
Le 17 février dernier, le Program for information justice and intellectual property (PIJIP) de l’American University Washington College of Law dévoilait un guide absolument essentiel, Best Practices in Fair Use for Open Educational Resources (pdf, 46 p. en). Comme les auteurs notent à la page 5:
Fair use enables the creation of new and different OER – resilient materials that give educators the control and flexibility to meet the needs of their students and the pedagogical goals of their courses.
Source: Meredith Jacob et al., Best Practices in Fair Use for Open Educational Resources, American University Washington College of Law
Il s’agit d’une contribution aussi essentielle que délicate. Il appert que toutes les instances intéressées aux REL devraient considérer s’approprier ces éléments et les transposer pour leur régime nationaux.
Spécifiquement pour le Canada, il me semble que soit absolument viable pour une Université d’accompagner les professeurs et apprenants dans l’élaboration de REL qui incorporent la logique de l’utilisation équitable, tout en offrant la possibilité de diffuser l’oeuvre résultante. Par example, une professeure d’histoire de l’art incorpore des images sous droit d’auteur d’oeuvres d’art pour créer une page Internet pour étayer la présentation de théories de sa discipline, pour des fins d’enseignement du public, la compilation résultante diffusée par licence creative commons. Ainsi, il y a diffusion matériel protégé par droit d’auteur d’autrui avec du matériel original provenant d’un prof ou apprenant.
Il s’agit d’un chantier aussi prioritaire que délicat, qui se trouve à l’intersection de la liberté académique de chaque discipline de définir les normes et pratiques pertinentes pour leur travail intellectuel, la gouvernance universitaire de recevoir des activités potentiellement risquées sur le plan institutionnel et le contexte néolibéral du droit d’auteur.
Il me fait plaisir de diffuser, avec l’aimable permission des chercheuses, l’appel suivant pour des juristes chevronnés pour une étude sur la recherche dans des outils numériques:
Les professeures Michelle Cumyn et Sabine Mas sont à la recherche de participant.e.s pour un projet de recherche sur les banques de données juridiques. Les participant.e.s seront invité.e.s à tester un nouveau modèle d’indexation des décisions des tribunaux.
L’équipe de recherche dirigée par la professeure Cumyn a construit une banque de données prototype. Les participant.e.s réaliseront des tâches de recherche à l’aide de cette banque de données, en essayant trois interfaces de recherche différentes.
Pour être éligible à cette étude, vous devez répondre aux conditions suivantes :
– Avoir complété un baccalauréat en droit au Québec ou être membre du Barreau ou de la Chambre des notaires du Québec.
– Depuis la fin de votre baccalauréat en droit, avoir acquis au moins une année d’expérience en recherche. Par expérience en recherche, nous voulons dire l’utilisation régulière des outils de recherche en droit, notamment des banques de données juridiques.
– Avoir accès à un ordinateur fiable et à une connexion Internet stable.
Les recherchistes et bibliothécaires qui ont acquis trois années d’expérience de recherche en droit au Québec sont éligibles à cette étude, même sans baccalauréat en droit.
La durée du test ne dépassera pas deux heures. Il sera réalisé entièrement en ligne. Plus précisément, on vous demandera de :
– lire et signer un formulaire de consentement
– lire les directives en prévision du test
– réaliser 10 tâches de recherche dans la banque de données prototype
– répondre à un bref questionnaire permettant de recueillir vos observations à propos des interfaces que vous aurez testées.
Les données recueillies sont anonymes. Les participants peuvent se retirer en tout temps.
Une compensation monétaire de 20 $ est offerte pour la participation à cette étude. Elle sera remise aux participants par virement Interac (courriel ou téléphone) à la fin du test.
Si vous êtes intéressé.e et pour toute question, veuillez contacter l’équipe de recherche à l’adresse lab-cat@fd.ulaval.ca
Je prépare une présentation pour le colloque Autour de l’adulte de demain, qui a lieu cette semaine à la Grande Bibliothèque. Voici quelques sources et documents pertinents, autour des grandes thématiques du droit du livre numérique, au delà du droit d’auteur.
Pour débuter, voici une liste de ressources et autres éléments dans l’univers du Gouvernement du Québec :
Dimension 1 : Agir en citoyen éthique à l’ère du numérique, c’est à dire « la capacité à prendre une distance par rapport aux enjeux comportant des questions éthiques » (p. 13). Cette dimension comporte quatre éléments, le dernier se lit ainsi: « mener une réflexion éthique sur les lois et les règlements en vigueur qui portent sur le numérique, y compris ceux qui concernent le droit d’auteur. » (p. 13)
« Le Centre de services partagés du Québec est responsable de gérer les droits d’auteur sur les documents de l’État ainsi que de veiller à l’application des Normes en matière de droit d’auteur, élaborées conjointement avec la ministre de la Culture et des Communications. » (Source)
Intéressant cette présentation de Sara R. Benson et Hannah Stitzlein, deux bibliothécaires universitaires impliquées dans le droit d’auteur, concernant une analyse du recours aux métadonnées juridiques. Elles ont présenté leur étude dans le cadre du congrès annuel de l’ACRL – l’Association of College & Research Libraries (USA), il y a quelques jours. Leur article de 11 pages est disponible dans Internet sous licence CC-BY-SA:
L’UNESCO annonce la création d’une coalition internationale des plate-formes en libre accès d’écrits scientifiques.
At a session organized by UNESCO on 8th April at the WSIS Forum 2019 in Geneva, coordinators of six platforms – AmeliCA, AJOL, Érudit, J-STAGE, OpenEdition, and SciELO Network agreed to join forces to democratize scientific knowledge following a multicultural, multi-thematic and multi-lingual approach. The Global Alliance of Open Access Scholarly Communication Platforms (GLOALL) was launched with a recognition of the principle that scientific and scholarly knowledge is a global public good essential for the achievement of the UN Sustainable Development Goals. The session directly addressed WSIS action line C3 on Access to Information and Knowledge and action line C7 on E-Science.
L’initiative découle d’un panel dans le cadre du programme du Forum du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI, WSIS en anglais) de l’Union international des télécommunications le 8 avril dernier. L’objectif de la rencontre, qui célèbre son 10e anniversaire, consiste à saisir les technologies de l’information et de la communication au service de la réalisation des Objectifs de développement durable. L’initiative GLOALL s’inscrit dans les orientations « C3 » (accès à l’information et la connaissance) et « C7 » (Applications — eScience) du plan d’action du SMSI.
L’auteur divise son oeuvre en trois: la première partie présente ce que peut vivre Petite Poucette et comment cela façonne sa perception de la réalité. Ensuite, l’auteur expose comment cette perception s’applique à l’école, surtout lorsque l’on peut retrouver toute information à la pointe des doigts – dans ce cas-ci, on peut réellement parler d’information digitale. La dernière partie traite de la société au sens large et c’est là que j’ai déniché des perles…
Un des thèmes proposé par Serres concerne le renversement de la présomption d’incompétence, intertitre d’une section de sa troisième partie sur la société:
Utilisant la vieille présomption d’incompétence, de grandes machines publiques ou privées, bureaucratie, médias, publicité, technocratie, entreprises, politique, universités, administrations, science même quelquefois…, imposent leur puissance géante en s’adressant à des imbéciles supposés, nommés grand public, méprisés par les chaînes à spectacle. En compagnie de semblables qu’ils supposent compétents, et, de plus, pas si sûr d’eux-mêmes, les Petits Poucets, anonymes, annoncent, leur voix diffuse, que ces dinosaures, qui prennent d’autant plus de volume qu’ils sont en voie d’extinction, ignorent l’émergence de nouvelles compétences. Que voici (p. 66)
Soulignant maintenant l’émergence de voix, de brouhaha collectifs par le biais de médias sociaux, Serres recentre le rôle du Petit Poucet par rapport à l’expert, être voué à disparaître:
Le collectif, dont le caractère virtuel se cachait, peureux, sous la mort monumentale, laisse la place au connectif, virtuel vraiment. (p. 67)
Relatant son parcours personnel, jadis épistémologue (qui « étudie les méthodes et les résultats de science), Serres précise:
Alors que je ne prétends plus à cette discipline, tout le monde aujourd’hui devient épistémologue. Il y a présomption de compétence. Ne riez pas, dit Petite Poucette: quand ladite démocratie donna le droit de vote à tous, elle dut le faire contre ceux qui criaient au scandale qu’on le donnât, de manière équivalente, aux sages et aux fous, aux ignorants et aux instruits. Le même argument revient. (p. 67-8)
Que sont devenues les institutions de jadis?
Pour la première fois sans doute de l’histoire, le public, les individus, les personnes, le passant appelé naguère vulgaire, bref Petite Poucette, pourront et peuvent détenir au moins autant de sagesse, de science, d’information, de capacité de décision que les dinosaures en question, dont nous servons encore, esclaves soumis, la voracité en énergie et l’avarice en production. […] Voilà pourquoi ce livre titre: Petite Poucette. Il touche aussi les cultures, puisque la Toile favorise la multiplicité des expressions et, bientôt, la traduction automatique, alors que nous sortons à peine d’une ère où la domination géante d’une seule langue avait unifié dires et pensées dans la médiocrité, en stérilisant l’innovation. (p. 68-9)
Serres note une complexification croissante de la société.
Or, je le répète, l’histoire des sciences connaît le décrochement qui s’ensuit de ce type de croissance. Lorsque l’ancien modèle de Ptolémée eut accumulé des dizaines d’épicycles qui rendaient illisible et compliqué le mouvement des astres, il fallut changer la figure : on déplaça vers le soleil le centre du système et tout redevint limpide. Sans doute, le code écrit d’Hammourabi mit fin à des difficultés sociojuridiques tenant au droit aural. Nos complexités viennent d’une crise de l’écrit. Les lois se multiplient, enfle le Journal officiel. La page se trouve à bout de course. Il faut changer. L’informatique permet se relais. (p. 72)
Faisant l’éloge de la « vitesse électronique » (p. 72), Serres poursuit:
Que la complexité ne disparaisse pas ! Elle croît et croîtra parce que chacun profite du comfort et de la liberté qu’elle procure ; elle caractérise la démocratie. Pour réduire le coût, il suffit de le vouloir. Quelques ingénieurs peuvent résoudre ce problème en passant au paradigme informatique, dont la capacité conserve et même laisse croître le simplexe, mais le parcourt vite, supprime donc, je le répète, files ou bouchons et gomme les chocs. (p. 72-3)
Par files et bouchons, Serres fait référence aux files des guichets de services et les bouchons de circulation. Il introduit à ce stade-ci un concept central de la thèse du livre, celui de l’importance des données:
Petite Poucette – individu, client, citoyen – laissera-t-elle indéfiniment l’État, les banques, les grands magasins… s’approprier ses données propres, d’autant qu’elles deviennent aujourd’hui source de richesse ? Voilà un problème politique, moral et juridique dont les solutions transforment notre horizon historique et culturel. Il peut en résulter un regroupement des partages socio-politiques par l’avènement d’un cinquième pouvoir, celui des données, indépendant des quatre autres, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique. (p 73)
Ce dernier passage est particulièrement inspirant. D’ailleurs, les pages qui suivent sont d’une richesse inouïe, qui versent dans la théorie cybernétique sans la nommer. Serres revisite la distinction, classique en France et ailleurs, entre les disciplines intellectuelles, racines d’innombrables structures socioéconomiques. Ainsi, il explore la distinction entre celles-ci: « lettres, sciences, droit et médecine-pharmacie » (p. 74) où la première « chantaient l’égo, le je personnel, l’humain de Montaigne, ainsi que le nous des historiens, linguistes et sociologues » tandis que les secondes « énonçaient des lois générales, voire universelles » – mais le droit et la médecine sont d’un autre ordre:
Mis tous deux en tiers, la médecine et le droit accédaient ensemble, peut-être sans le comprendre, à une manière de connaître qu’ignoraient les sciences et les lettres. Unissant le général et le particulier, naquit, dans ces facultés juridiques et médicales, un tiers sujet… l’un des ancêtres de Petite Poucette. (p. 74)
La capacité de Petite Poucette à manipuler ses bidules et « maîtriser des pouces boutons, jeux et moteurs de recherche » (p. 75-6),
[Petite Poucette] déploie sans hésitation un champ cognitif qu’une part de la culture antérieure, celle des sciences et des lettres, a longtemps laissé en jachère, que l’on peut nommer «procédural». […] En passe de concurrencer l’abstrait de la géométrie aussi bien que le descriptif des sciences sans mathématiques, ces procédures pénètrent aujourd’hui le savoir et les techniques. Elles forment la pensée algorithmique. (p. 76)
De plus,
L’objectif, le collectif, le technologique, l’organisationnel… se soumettent plus, aujourd’hui, à ce cognitif algorithmique ou procédural qu’aux abstractions déclaratives que, nourries aux sciences et aux lettres, la philosophie consacre depuis plus de deux millénaires. (p. 77)
En effet, cette émergence de de l’algorithme ou de la procédure n’a rien de nouveau. Serres invoque les travaux de Pascal et Leibniz pour souligner son origine :
Formidable mais alors discrète, cette révolution passa inaperçue des philosophes, nourris aux sciences et aux lettres. Entre formalité géométrique – les sciences – et la réalité personnelle – les lettres – advenait, dès cette époque, une nouvelle cognition des hommes et des choses, déjà prévue dans l’exercice de la médecine t du droit, tous deux soucieux de réunir juridiction et jurisprudence, malade et maladie, universel et particulier. Émergeait là notre nouveauté. (p. 77-8)
Et c’est là que la thèse de Serres déploie tout sons sens pour mes recherches: « La nouvelle victoire de ces vieilles procédures vient de ce que l’algorithmique et le procédural s’appuient sur des codes » (p. 78). Justement, le code persiste dans les vieilles disciplines (droit, médecine, pharmacie) et les nouvelles (biochimie, théorie de l’information, nouvelles technologies) car elles « s’en emparent, et, de là, le généralisent au savoir et à l’action en général. » (p. 78)
Jadis et naguère, le vulgaire n’entendait goutte aux codes juridiques, ni à ceux des médicaments ; ouvert ou fermé, leur écriture pourtant affichée ne restait lisible qu’aux doctes. Un code ressemblait à une pièce à deux côtés, poli ou face, contradictoires : accessible et secret. Nous vivons depuis peu dansla civilisation de l’accès. Le correspondant linguistique et cognitif de cette culture y devient le code, qui le permet ou l’interdit. Or justement le code institut un ensemble de correspondances entre deux systèmes à traduire l’un dans l’autre, il possède les deux faces dont nous avons besoin dans la circulation libre des flux dont je viens de décrire la nouveauté. Il suffit de codes pour préserver l’anonymat en laissant libre l’accès. (p. 79)
Serre propose, par exemple, l’ADN comme exemple de ce code qui est à la fois ouvert et fermé.
Médecine et droit nourrissaient depuis longtemps cette idée de l’homme comme code. Le savoir et les pratiques la confirment aujourd’hui, dont les méthodes utilisent procédures et algorithmes ; le code fait naître un nouvel ego. Personnel, intime, secret ? Oui. Générique, public publiable ? Mieux, les deux: double, je l’ai déjà dit du pseudonyme. (p.80)
Je ne peux m’empêcher que je m’insère directement dans cette veine : ce carnet de recherche, ce billet, ma démarche témoigne de ma démarche intellectuelle, un fragment public de mes intérêts secrets.
Entre données et algorithme (ou procédure) naît Petite Poucette et ce paradigme nouveau pour redéfinir ce simplex de la société que l’on ne sait pas encore observer. Serres a su mettre en mots et faire l’éloquente dissection, dans Petite Poucette, de ce qui anime mon programme intellectuel depuis le début de ma carrière. Qui sera ce Ptolémée contemporain qui ajustera la doctrine pour enfin apercevoir le chemin tracé vers l’avenir ?
J’ai l’énorme plaisir de participer à la Digital Humanities in Nordic Countries Conference à Helsinki cette semaine. J’y présente demain (jeudi après-midi) ma thèse doctorale, financée en partie par la Foundation Knight. Les thèmes de cette troisième version de cet événement sont: « cultural heritage; history; games; future; open science. »
Suivez la conférence sur Twitter grâce au mot-clic #DHN2018.
La conférence a été précédée par un séminaire sur l’utilisation d’outils de traduction simultanée dans le processus créatif. J’y reviendrai peut-être…
Je désire offrir mes notes de la communication d’ouverture du professeur Alan Liu, portant les protocoles de travail ouverts et reproductibles en humanités numériques. Il divise sa présentation en trois parties: la vue au rez-de-chaussée ; la vue à la cime des montagnes et la vue stratosphérique. Trois points de vue du même phénomène pour mieux saisir les défis à saisir.
Avant tout, Liu définit les humanités en citant la loi habilitante du National Endowment for the Humanities aux USA (National Foundation for the Arts and the Humanities Act, 1965). En réalité, il articule « humanities » en cinq vecteurs théoriques: les humanities au sens classique platonique de la rhétorique, de la logique et de la grammaire; des social sciences; des science (au sens de STEM; et des creative & performing arts. Ces cinq vecteurs définissent les forces à l’oeuvre pour les humanités numériques. Il indique que les humanités sont essentielles dans le concert des disciplines intellectuelles, il collabore à l’initiative 4humanities.org pour en faire la promotion.
I. Vue du rez-de-chaussée
Prof. Liu présente son projet qui emploie l’outil DFR Browser pour son projet WhatEveryone1Says. Afin de proposer une méthode qui est ouverte et reproductible, Liu propose deux étapes, suivant cette structure:
A. Un système de gestion du cycle de vie virtuel (virtual workflow manager)
Utilisant un « Jupyter » notebook comme outil, l’équipe de Liu peut moissonner (scrape), gérer la provenance et le cycle de travail (workflow), les processus analytiques (analytical processes of topic modelling and word embedding), et l’interprétation. Sans le dévoilement de ces éléments, les humanités numériques ne peuvent espérer devenir une science ouverte et reproductibles.
B. Provenance
L’équipe de prof. Liu utilise des bibliothèques JSON pour l’identification du corpus et la confection de notes d’accès, les points de données (data nodes along the wy: raw data, processed data, scripts). Le tout est consigné dans une base de donnée MongoDB.
II. Vue à la cime des montagnes
Dans ce cas, il est essentiel pour un cycle de travail ouvert de se formaliser. Liu utilise « Wings » qui est une ontologie OWL. Il mentionne aussi le protocole W3C PROV (PROV-O; PROV-datamodel; PROV-OWL).
J’ai posé la dernière quesiton à prof. Liu, à propos du rôle des bibliothèques et des bibliothécaire dans son « nouveau modèle » des humanités. Il précise que nous devons déconstruire le cycle de vie d’un projet pour identifier tous les microdocuments générés. Il faut aussi analyser les environnements numériques de travail: ceux de développement, de production, d’infonuagique. Il faut aussi bâtir des dépôts institutionnels et des dépôts de code informatique.
Je désire vous inviter au lancement du numéro 73 de la revue À Bâbord, contenant un dossier spécial intitulé « Bibliothèques. Enjeux et mutations. » Je suis membre du comité de pilotage de ce dossier et j’y livre un article intitulé « Copibec ou la vie sauvage » sur l’action collective contre l’U. Laval.
Le numéro 73 d’À Bâbord ! sera lancé le mardi 27 février, 18h30, à la bibliothèque Mont-Royal (465 Mont-Royal est, Montréal). Plusieurs collaboratrices et collaborateurs seront de la partie et des lectures publiques sont prévues. L’événement Facebook est ici. Bienvenue à toutes et à tous !
Dans ce billet, j’ai recours au féminin ou au masculin un peu aléatoirement. Nous ne savons pas encore comment nous allons genrer les personnages. Étant donné que la population universitaire est plus féminine que masculine, et bien, je fais place aux dames.
L’idée consiste à offrir une oeuvre numérique que les bibliothèques universitaires et de Cégep (collège pré-universitaire au Québec) peuvent diffuser sur les écrans tactiles déployés en leurs lieux. Nous désirons bâtir un jeux plurilingue (français, anglais, allemand… et plus!) qui traite d’une manière ludique d’un sujet complexe mais très important pour l’avenir de la science.
D’ailleurs, nous sommes à la recherche de financement et sommes à établir des solutions de visibilité à des organimes sympatisants à notre travail. Je suis chercheur et fonctionnaire, mon salaire est assuré par la bienveillante Université Concordia. Par contre, mon associé, Marc Larivière, jeune papa de son état, ne bénéficie pas d’un tel support…
Après plusieurs réunions très stimulantes, Marc et moi avons développé un concept de jeu. Une partie devrait durer 10 à 15 minutes, l’idée est qu’une utilisatrice passant dans une bibliothèque interagit avec un écran tactile pour se changer les idées…
Le personnage principal du jeu, l’avatar de la joueuse, est une doctorante ayant complété son examen de synthèse.
Le jeu se déroule en trois phases.
La première phase du jeu consiste en « l’écriture » et devrait durer de 2 à 4 minutes. Nous anticipons une style de jeu comme « Tetris » (jeu compulsif) où la joueuse est appelée à augmenter son « nombre de mots (l’infâme word count qui hante tous les thésards). Étant donné la charte graphique des microfiches, nous jouons sur l’analogie de la molécule pour représenter l’action d’écrire ou pour l’accumulation de données dans le cadre de ses recherches (donc, fonctionnellement, de créer du savoir nouveau par l’analogie d’une nouvelle molécule).
Une fois assez de mots/données (ou molécules) accumulés, la thésarde (T) est appelée au bureau de sa directrice de recherche (DR). Débute ainsi la seconde phase, celle de la conversation. Nous ne sommes pas encore entièrement certains de comment la conversation avec la DR se déroulera, mais la tentation est forte de voir la DR imposer à T une suite pour diffuser ses recherches. Spécifiquement, la DR imposerait à T de proposer un article à une revue prestigieuse (en accès fermé) avec celle-ci (la DR) comme première auteure.
Suite à cette séquence (qui devient un peu la mission de la joueuse), la seconde phase dure de 8 à 12 minutes. T est appelée à se promener dans un labyrinthe (en réalité, les corridors universitaires) et de parler à d’autres chercheur.e.s ou épier des conversations. Elle pourra aussi effectuer des recherches sur un moteur de recherche pour découvrir des informations sur les personnes ou les objets de son environnement.
L’objectif de cette phase est d’accumuler des objets-connaissance en lien avec sa situation. Nous avons en tête le style de jeu de Zelda lorsque Link se promène dans un village – sauf en plus dynamique (certaines versions de Zelda sont assez fastidieuses dans les séquences de d’exploration de village).
Un des point de cette étape consiste en la découverte des personnages de l’université. Tous sont chercheurs, certes, mais tous n’ont pas le même statut. Les professeurs, par exemple, peuvent être adjoints (en probation qui dure 5 ans, dont timides et serviables pour les profs plus séniors), agrégés (permanents mais encore « juste » des profs) et titulaires (reconnus comme experts par leurs pairs). Nous ne croyons pas avoir recours aux profs émérites (à la retraite). Il y a aussi les post-doctorants (un contrat de 1 à 3 ans où un chercheur est appelé à bâtir son programme de recherche et de développer ses talents d’enseignement en vue de l’obtention d’un poste de prof régulier). Les post-docs jouissent d’une autonomie relative assujettie à une grande précarité. Viennent ensuite les bibliothécaires (comme moi) et les agents de recherche (on risque de les couper ceux-là, ça fait beaucoup de personnages). Outre ces rôles liés à la structure départementale (bureaucratique) universitaire, il y a des rôles fonctionnels liés à la discipline (ou champ de la connaissance). Ainsi, tous les chercheurs peuvent être membre du comité scientiique d’une revue dans un domaine/discipline donné (mais ce rôle est plus probable aux profs ayant un statut plus ancien). Il faudra réfléchir à la distinction/dynamique entre le statut départemental (bureaucratique) et le statut dans une discipline donnée…
Les personnages ont donc un statut à l’université en fonction de leur poste. Nous allons jouer sur les stéréotypes de genre de d’âge pour brouiller les cartes (tiens, est-ce que cet homme d’âge mûr au teint de peau blanc est réellement un prof titulaire ou un bibliothécaire?) et ajouter un élément d’incertitude. C’est que, dans la phase conversation, la joueuse obtiendra des informations contradictoires grâce à ces interactions avec les autres personnages. Par exemple, certainnes pourrait lui dire de ne pas publier dans cette revue… ou de se méfier d’un tel… ou qu’il est plus aviser de proposer une communication à un congrès avant de publier… ou de ne pas mettre le nom du DR sur son article… qui croire? quoi faire?
Quant à la discipline (ou domaine ou champ de la connaissance), c’est plus délicat. Souvent, les chercheurs effectuent leurs travaux au sein de sociétés savantes et nourissent leur discipline de leurs travaux. Il y a plusieurs rôles ou fonctions au sein de sociétés savantes mais le plus important est celui où un chercheur est appelé à évaluer le travail des autres : évaluateur d’un comité scientidique d’une revue; évaluateur des communications à un congrés, etc. On va s’amuser à développer une fausse discipline !
Une autre option à la phase « conversation » consiste à chercher via des outils numériques des informations à propos autres personnages (une telle est sur le comité scientifique de cette revue) ou des objets (quelle est la politique en accès libre de cette revue). Nous pensons à établir de fausses revues et à créer des notices SHERPA/RoMÉO. Nous pensons à créer un faur réseau social pour lister les personnages du jeu.
Finalement, nous arrivons à la troisième et dernière phase, celle de la publication. La joueuse doit effectuer un choix pour la diffusion de sa molécure-texte: quelle avenue choisir; qui lister comme auteur; quoi faire avec la version pré ou post éditée… Il s’agit du moment où la décision est prise et où la partie se termine. Ou pas…
En réalité, il y a une logique de rétroaction basée sur les données générées par une partie du jeu. Nous pensons identifier certaines mesures intrinsèques à la partie et à la joueuse. Par exemple, il sera possible d’accumuler des « mots » (molécule), de l’argent (revenu de contrats de recherche), de l’impact social et des « points citations académique » (réputation, impact académique qui se distingue de l’impact social). Tous les personnages vont avoir un discours (ou message) en lien avec ces mesures. Par exemple, la bibliothécaire portera le message de publier en libre accès, ce qui aura un impact positif sur l’impact social mais pas nécessairement sur les autres éléments de mesure. Les valeurs par défaut de toutes les mesures seront établies lors de la conversation entre T et sa DR.
Une autre idée consiste à proposer à la joueuse d’effectuer une seconde partie. Par exemple, sont texte envoyé à une revue prestigieuse est rejeté et celle-ci doit entamer une nouvelle phase d’écriture (phase 1). La rencontre avec sa DR sera modulée en fonction de son/ses choix précédent(s).
In fine, je vous propose nos brouillons établis lors de la réunion hebdomadaire de la semaine dernière:
1. Séquence de jeu:
Sur cette première page (ici-bas), nous identifions les trois grandes phases du jeu et certains personnages. En jaune, à l’instar de la collection de microfiches sur le libre accès, se trouve l’avatar de la joueuse: la thésarde et personnage principal. En noir, divers personnages secondaires (du jeu), des profs titulaires (PT), profs adjoints (PA), des éditeurs de revues (Éd.) et d’autres doctorants (PD).
2. Personnages:
Dans la seconde image (ici-bas), nous explorons la typologie des personnages. Par ailleurs, j’ai tenté de représenter la distinction entre un département universitaire et un champ disciplinaire. Un des rôles de l’université consiste à structurer le travail des chercheurs en départements qui jouent un rôle fonctionnel très typé et lié à la bureaucratie universitaire, tout en permettant assez de latitude pour le développement de disciplines de la pensée (des profs de sociologie ou de cinéma peuvent effectuer de la recherche en ludologie par exemple). Finalement, Constatez vers le bas un plan cartésien à un quadrant, où j’explique le nombre total de doctorants qui « survivent » à un programme à travers le temps. Plusieurs débutent leur programme mais peu se rendent à la soutenance. Je situe le personnage principal du jeu entre l’examen de synthèse (là où le projet de thèse est accepté après la scholarité doctorale) et la soutenance (la fin réelle du programme de doctorat, où le comité de recherche, dont la directrice de recherche est membre, évalue le travail accompli avant que la thèse ne soit acceptée puis diffusée par l’université).
3. Messages des personnages et impacts sur les éléments métriques du jeu, liés à la phase « publication » (troisième) du jeu:
Cette troisième image présente les messages potentiels des personnages du jeu et leur impact (positif, négatif ou neutre) sur les éléments du jeu. Je liste les « objets » du jeu, il y aura probablement uniquement les « avenues de diffusion » pour simplifier les interactions…