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Jugement

Les bibliothèques en cour suprême pour la numérisation de masse

À lire, ce mémoire déposé conjointement par les plus grosses associations de bibliothèques des États-Unis, concernant la numérisation patrimoniale. Voici la table des matières:

https://www.instagram.com/p/B4XIq8dH8Jq/?utm_source=ig_web_button_share_sheet
Mémoire d’amicus curae de l’ALA et al.

Source: Infojustice.org pour plus de détails. Ce mémoire, ainsi que tous les autres acheminés à SCOTUS (acronyme pour les initiés qui désigne Supreme Court of the Unites States), sont disponibles sur cette page:

Docket for No. 18-877 : Frederick L. Allen, et al., Petitioners v. Roy A. Cooper, III, Governor of North Carolina, et al., SCOTUS, 2019

https://www.supremecourt.gov/docket/docketfiles/html/public/18-877.html

Il s’agit d’un litige portant sur l’immunité du souverain (pour le Canada, on parlerait de l’immunité de la couronne) dans le cas de l’utilisation d’un droit d’auteur.

Publication

Ciel, mon carnet !

Non, le blogueur que je suis n’est pas mort… j’ai simplement été occupé à nourrir mes autres carnets et, incidemment, à survivre à ma 17e rentrée universitaire.

Outre mon carnet de « travail » OutFind.ca (en anglais, car c’est ma langue de travail et celle de ma communauté), je tiens quelques autres carnets personnels. Le plus ancien est mon blogue d’économie familiale, BobMange.ca (prononcez Bob mange ça). J’y diffuse des recettes, notes de cuisine et quelques autres éléments reliés à ma vie de parent. Le plus récent est Nigog.ca, un carnet voué au plein-air, surtout la voile, la chasse, la pêche, la randonnée et le camping plus ou moins sauvage.

Jadis, je mettais tout sur BobMange.ca mais je trouve difficile de maintenir une ligne éditoriale claire entre tous ces sites. J’ai aussi une idée en arrière de la tête pour tous ces sites internet mais pour le moment, je me contente de les alimenter par mes hobbies et autres activités.

Bibliographie

Intermèdes et autres lectures

Décidément, mes lectures estivales ont un fil rouge tissé serré autour d’un écrin débordant de numérique. Outre la chronique des dernières semaines qui alimente mes réflexions, j’ai déniché certaines perles de science fiction pour également nourrir mes rêves. Je me suis offert certaines digressions estivales sans trop errer à l’extérieur de mon champ d’intérêt.

Je viens de boucler la lecture du plus récent roman de Cassie Lessard, La valeur de l’inconnue, qui m’a beaucoup plus. Tisser un univers en science fiction c’est comme le choix de la palette de couleurs en bande dessinée : il est facile de tomber dans le connu (ligne claire!) mais l’oeuvre gagne lorsque la créatrisse sort des sentiers battus. Lessard offre un roman que j’ai dévoré, explorant l’univers quantique dans la fibre même du récit. Je suis convaincu que j’y verrai une autre oeuvre lorsque je m’y frotterai à nouveau – car ce roman nécessitera une autre lecture.

Sur un autre ordre d’idées, j’ai aussi succombé pour cette biographie bien particulière, qui explore la vie tumultueuse du « Zéro » dans la société occidentale. J’ai déniché la traduction du volume de Seife à ma bibliothèque publique et j’ai particulièrement aimé le traitement de l’histoire des mathématiques selon la perspective du concept du néant. J’ai jadis étudié les « maths dures » au Cégep (en Terminale/Bac+1 pour nos amis de l’hexagone qui ne connaissent pas le Québec) mais je me demande ce que ma vie aurait été si j’avais pris le soin d’apprendre les maths par l’ornière de ses débats intellectuels et de ses impacts sociaux… en fait, je suspecte que tous ceux et, surtout celles, qui nécessitent d’une appropriation intellectuelle par le biais des relations interpersonnelles, les jeux de coulisses et autres rebondissements humains.

Et, j’ai quelques livres qui attendent patiemment, tel un rayon lumineux de littérature, capté au passage dans une librairie près de chez vous. Finalement, je vous laisse avec une « pile de lecture » dénichée à ma bibliothèque publique… ma lourde tâche se transporte dans des sacs réutilisables bien renforcés… peut-être que dans un univers parallèle, le Moi-prime a une masse assez sévère pour courber l’a matrice d’espace-temps pour aspirer une infinité de temps !

Accès libre Critique Rapport et étude Test

Lecture de Les batailles d’Internet (2018) par de Grosbois

Voici mes notes de lecture de l’excellent livre de Philippe de Grosbois intitulé Les batailles d’Internet : assauts et résistances à l’ère du capitalisme numérique chez Écosociété, paru le 22 janvier 2018.

Alors, bon ou mauvais Internet ? Ni l’un, ni l’autre propose d’entrée de jeu de Grosbois. Il est plus juste de situer les pôles de la question, autour de cette construction sociale. Internet se situe entre l’éloge naturaliste et la critique intégrale. Les protagonistes pris dans le débat polarisé sont hackers, libristes et adeptes du pair-à-pair (p. 33).

Le premier, l’éloge naturaliste, s’inspire de la biologie et propose que

le Net permettrait des interactions comme celles que l’on retrouve dans un écosystème. Il serait plus souple que les régulations centralisées et bureaucratiques de l’État, que les structures hiérarchiques en général. Internet laisserait naturellement place à la liberté individuelle et à la formation de groupes spontanés. Pour certain.e.s, il est l’incarnation même du libre-marché tel qu’il ne s’était jamais vraiment réalisé jusqu’à présent

de Brosbois (p. 28)

L’autre, la critique intégrale, attaque cette créature purement néolibérale :

Imaginée par les cybernéticien.ne.s rêvant d’une communication sans entraves qui régulerait les systèmes sociaux, Internet court-circuite les institutions politiques et détruit les solidarités. Le réseau est entretenu par des fantasmes communautaires et subversifs, mais en réalité in ne fait que renforcer l’emprise du capital sur nos existances.

de Grosbois (p. 28)

Ces « deux faces d’une même médaille » impliquent qu’Internet serait « une force extérieure à la société » tout en considérant « Internet et le marché comme étant plus ou moins équivalents. » (p. 29) Ainsi est divisé l’ouvrage, l’auteur présente en premier (chapitres 2-5) « quelques-unes des potentialités fragiles et menacées » du réseau pour ensuite cibler les enjeux présentant un plus gros risque (chapitre 6-8). La table est mise et j’aime le menu.

Le premier chapitre est l’occasion pour de Grosbois d’exposer les origines d’internet. Citant Loveluck [Réseaux, libertés et contrôle. Une généalogie politique d’internet, 2015] pour expliquer la théorie cybernétique de Weiner, de Grosbois passe par les sentiers connus: Hayek, Castells, Dominique Cardon, Steven Levy, Ivan Illich, Tim Breners-Lee, Fred Turner, Stuart Brand, John Perry Barlow, Richard Stallman, Eric Raymond pour ne citer qu’eux…

dans le second chapitre, de Grosbois explore le commerce et la culture, entre alliances incongrues du copyright sous l’angle de Cory Doctorow, Lawrence Lessig puis Yochai Benkler [The Wealth of Networks, 2006]. Parlant de verrous numériques et plus globalement des plateformes de diffusion en flux, de Grosbois précise que :

L’enjeu ne serait plus le paiement à chaque téléchargement, mais la distribution équitable de l’argent amassé par divers moyens. L’accès aux oeuvres et la contribution financière seraient deux opérations distinctes qui ne seraient pas toujours exécutées ensembles. Cela ne signifie pas que le droit d’auteur n’existerait plus : les artistes obtiendraient toujours pleine reconnaissance de leur travail et demeureraient seul.e.s à décider des adaptations et dérivés commerciaux de leur oeuvres (du moins jusqu’à ce que l’oeuvre entre dans le domaine public).

de Grosbois (p. 89)

Dans le troisième chapitre, de Grosbois présente les nouvelles frontières de l’expression:

Qu’est-il possible de lire ? Qu’est-il possible d’écrire, de diffuser, de montrer ? Quelles sont les réalités qui sont confinées à la sphère privée et qu’est-il légitime d’exprimer publiquement ? Quelles sont les personnes ou les institutions qui ont la charge d’autoriser ou d’interdire, de faciliter ou de limiter la publication d’une oeuvre et sa diffusion ? Ces questions sont essentielles pour comprendre l’univers des médias, et ce, tout au long de leur histoire. Chaque fois qu’un nouveau média de masse apparaît, il vient bouleverser les relations entre le public et les dépositaires légitimes de la culture et de l’information à cette époque précise : clercs, professeur.e.s, journalistes, apparatchiks, critiques, editeurs.

de Grosbois (p. 93)

Sont cités Adorno et Horkheimer, Walter Benjamin, C.W. Mills [imagination sociologique]…

Triste paradox, l’assouplissement des frontières décrit plus hout peut aussi permettre aux individus intolérants et haineux de se coaliser, de développer leur confiance et de raffermir leurs convictions afin d’exercer, ultimement, une sorte de vigilantisme (ou auto-justice).

de Grosbois (p. 106)

La liberté d’expression est un couteau à double tranchant dont les pistes de solution sont bien modestes. Il faut être solidaire, sur le plan politique, avec les victimes (p. 106). Il faut considérer des actions en justice (p. 107). Puis, il faut agir directement sur les plateformes (p. 108).

Dans son quatrième chapitre, de Grosbois traite de la crise du journalisme :

il faut l’aborder en tant que recul d’une certaine conception du journalisme, telle qu’elle s’est imposée et stabilisée au cours du XXe siècle, c’est-à-dire une pratique dotée d’une éthique professionnelle contrée sur la neutralité politique et une relative autonomie par rapport au pouvoir, bien que largement financée par la grande entreprise. Or, l’accès aux citoyen.ne.s qu’offrent aux publicitaires les médias sociaux commerciaux a rendu obsolète ce modèle d’affaires journalistique.

de Grosbois (p. 118)

S’en suivent Noan Chomsky, Amy Goodman, Astra Taylor, Frédéric London, Evgeny Morozov, Gabriella Coleman (pour les hackers et le journalisme open source d’où l’importance des sources – p. 134), Zeynep Tufekci… Entre l’indifférence d’apprendre ce que l’on soupçonnait déjà (p. 137) et l’effroi à l’idée que tout serait maintenant matière à être divulgué (p. 139), « l’information a rarement autant constitué un enjeu politique qu’à notre époque » (p. 141). Deux défis demeurent entiers: le financement (p. 142) et « la répression qui vise actuellement les journalistes et les sources des fuites » (p. 143) « Une information libre et juste n’a jamais été chose acquise. » (id)

Au tour de la surveillance, contrôle, répression d’animer le cinquième chapitre de de Grosbois, où « quand le Net devient filet » (p. 145)

Toutes les potentialités ouvertes par Internet, sur les plans de l’expression individuelle, de la culture, du journalisme ou de la démocratie, font l’objet d’une contre attaque puissante et concertée. Cette charge ne se manifeste pas seulement par des opérations policières et étatiques ; elle est aussi l’oeuvre de grandes entreprises. Celles qui sont les plus profitables à l’échelle mondiale, telles que Google et Facebook, tirent leurs revenus de la collecte massive de donnes personnelles et du contrôle de la navigation et des interactions des internautes. Ce que la sociologue Zeynep Tufecki appelle « la privatisation des communs sociaux » (the corporatization of social commons) est un aspect crucial de ce «renfermement» d’Internet.

de Grosbois (p. 149)

Selon de Grosbois, nos libertés sont limitées de trois manières, par : « les dispositifs de surveillance, les mécanismes de contrôle des communications et, enfin, les mesures de répression à l’endroit de nombreux cyberactivistes. » (p. 150)

Dans son sixième chapitre, de Grosbois entame la politique, du point de vue des hackers, libristes et adeptes du pair-à-pair. Il constate que :

Le mouvement pour une information libre aborde la politique à travers un autre prisme que celui de la gauche et la droite; il tente d’articuler un problème en des termes nouveaux, de mettre en lumière un obstacle spécifique auxquels les humain.e.s sont confrontés dans leur quête d’une vie mieux vécue. En s’attaquant au processus par lesquels les idées circulent et sont débattues plutôt qu’à la substance de ces idées elles-mêmes, les hackers, les libristes et les pirates parviennent parfois à renouveler la critique du système économique et politique et à perturber son fonctionnement au quotidien, mais en l’abordant de biais, en quelque sorte. Ils s’attaquent au système en cherchant à y pratiquer un autre type de brèche que celles auxquelles nous sommes habitué.e.s. Ils viennent bousculer des modes d’organisation plus hiérarchiques ou centralisés auxquels ont aussi recours les forces de gauche, en insistant sur la décentralisation, l’horizontalité et la participation.

de Grosbois (p. 196)

Le septième chapitre de l’ouvrage de de Grosbois identifie les impacts sur le monde physique d’Internet, notamment l’impact environnemental des nouvelles technologies (pollution), l’internet des objects et les nouvelles plateformes de partage et la production par les pairs :

Il est vrai qu’internet, comme l’explique le géographe Boris Maude, s’est constitué comme un espace en soi, partiellement distinct du reste de nos existences.

de Grosbois (p. 199)

Le huitième chapitre de deGrosbois traite de l’internet libre et commun, tant sur le plan de la couche physique (neutralité du réseau) que la couche logicielle (interopérabilité et algorithmes open source), ainsi que deux couches de contenus, les communs de la connaissance et les données communes et la vie privée.

Pour conclure, l’idée centrale de l’auteur est que les protagonistes d’Internet, les hackers, les libristes et les adeptes du p2p, maintiennent une « relation trouble avec le capitalisme » (p. 252). Ainsi, de Grosbois souligne

qu’Internet n’a pas de nature profonde : il n’est pas par essence ni capitaliste ni anticapitaliste. […] Conçu à l’origine à la manière d’un commun, Internet a été amené à favoriser, en partie de façon délibérée et en partie accidentellement, des principes en rupture avec un certain esprit du capitalisme : le partage, l’universalité de l’accès, le don, la collaboration, la délibération. Il est donc possible de «plier» le réseau de manière à ce que l’activité qu’y s’y déroule exclut des aspects importants du système capitaliste tels que la transaction marchande, le salariat, la séparation entre producteurs et consommateurs, l’opacité et le contrôle de l’information, l’enfermement de la croissance et de la culture dans les régimes de propriété intellectuelle, etc.

de Grosbois (p. 253)

Ainsi, nous avons le «capitalisme netarchique» de Michel Bauwens, les communs d’Elionor Ostrom (p, 253), il reset des oppositions à repenser (p. 257), entre la technique et le politique; entre l’individu et la collectivité… il faut repenser notre compréhension d’Internet pour y situer notre action politique. (p. 258)

Bibliographie

Notes de lecture de Lafrance (2018) Promesses et mirages de la civilisation numérique

Il n’y aucun plaisir plus satisfaisant que la lecture d’un essai écrit part une main guidée par la passion et l’érudition. Jean-Paul Lafrance m’a offert un tel moment de réjouissance, grâce à son plus récent livre: Promesses et mirages de la civilisation numérique chez Libre (2018), pour 172 pages pertinentes et parfois surprenantes.

La première phrase met la table: « Quel bilan de la révolution numérique peut-on établir aujourd’hui pour l’homme (sic) et la société ? Le numérique est-il un humanisme qui prend en compte le bien-être des populations ? » (p. 7). Afin de répondre à ces interrogations initiales, Lafrance divise son essai en deux, le premier pôle examine les questions socioéconomiques tandis que le second analyse « la conduite des individus dont la transformation de l’environnement psychologique met à mal le socle des valeurs qu »ils portent en eux. » (p. 10)

L’auteur retient la perspective de Foucault où il faut se libérer de l’individualisation imposé par une certaine conception de l’État, c’est-à-dire de faire la promotion de nouvelles formes de subjectivités (p. 7), donc une nouvelle conceptualisation de l’individu en tant que sujet d’étude. Ça ne m’en prends pas plus pour me plaire ! Ainsi, Lafrance entreprend deux vecteurs, l’un

qui indique ce qu’il faut changer dans les institutions et la société pour que les progrès technologiques ne profitent plus qu’à une très faible proportion des individus, l’autre qui montre que toute révolution doit aussi être une transformation intérieure qui exige un travail sur soi par soi, comme l’enseignaient déjà les philosophes grecs.

Lafrance (2018), p. 13

Première partie : socioéconomique du numérique

Dans le premier chapitre, Lafrance tente de savoir si la civilisation numérique est humaniste. Citant d’entrée de jeu Milad Doueihi, Kant et Platon, l’auteur identifie cinq mouvements humanistes et leur consacre une section chaque.

L’humanisme de la Renaissance selon Lafrance se caractérise par le « concept de dignité de l’homme [qui] change le statut que l’être humain avait encore au Moyen Âge » (p.19) Érasme, Thomas More, Montaigne et de la Mirandole articulent cet « humanisme littéraire » où l’humanité s’émansipe tranquillement de Dieu tout en développant une « nature humaine universelle » (p. 21)

Ensuite, Lafrance présente l’humanisme des Lumières, celui de Descartes, de la Mettrie, Kant, Rousseau, Diderot et Alembert. Il situe la « conception du corps mécanique » ou « corps-machine » de Descartes comme point d’entrée à la science et la technologie, propulsée par la Révolution française, pour promouvoir « un être nouveau qu’il faut créer de toutes pièces, libre et sans attache avec la vieille féodalité et la servitude des temps anciens » (p. 23) Ainsi, « l’humanisme des Lumières croit au progrès infini des individus et des sociétés, ce qui sera remis en question au vingtième siècle. » (p. 23)

Puis vient « la mort de Dieu et l’oubli de l’Être » avec Voltaire, Nietzsche, Bouriau, la Mirandole, Montaigne, Heidegger…

« Là où Neitzsche ne voit dans la technique que la manifestation de la domination de l’homme (sic) sur la nature, Heidegger perçoittout au contraire en celle-ci la dernière étape de la dépossession de son essence, tout au long de la longue histoire de la métaphysique depuis les présocratiques. »

Lafrance (2018) p. 25

Ainsi, l’être humain ne devient-il pas une simple pièce du « dispositif technique » ? (p. 25)

Le quatrième mouvement est le théâtre du débat sur le marxisme et voit apparaître le structuralisme : Foucault et Sartre, Castoriadis critiquant Lévi-Strauss. « La critique virulente de l’humanisme pose le problème des limites de la liberté humaine par rapport à la Nature et ignore souvent la vulnérabilité de l’existence humaine. » (p. 27)

Enfin, Lafrance pose l’humanisme numérique à la lumière de Doueihi, Vanevar Bush, Bernard Stiegler :

« La civilisation numérique se caractérise par sa gestion spécifique du lien social, qui est de moins en moins construit dans un espace-temps naturel et géolocalisé. L’individu vit dans l’instantanéité de temps présent et son espace a la dimension de l’infini. » […]

« Avec le numérique, le monde doit être redocumenté. Il s’agit là d’un chantier colossal ouvert aux générations futures. [Citant : R. T. Pédauque, Le document à la lumière du numérique, Caen, C&F éditions, 2006] «Nous assistons à une nouvelle modernité générée, non seulement par l’évolution technologique introduite par le numérique, mais aussi par les changements sociaux dans nos modalités de mémoire et d’échange, reflétés par les mouvements repérés dans les multiples dimensions du document (forme, contenu et média), ainsi que dans les déplacements de leurs contextes de médiation».

Lafrance (2018) p. 28 et 28-29

Wikipédia, l’open science tout comme la croissance exponentielle des ordinateurs ainsi que la médecine prédictive et personnalisée amènent

« un véritable basculement du statut de la connaissance qui n’est plus seulement affaire de spécialistes ou centres de recherche, car elle emprunte un modèle de production collaborative […] mais aussi à l’interdisciplinarité des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique, cognitique) et à la création d’équipes de travail délocalisées et à compétences multiples.  »

Lafrance (2018) p. 29

Entrent en jeu les « grands écosystèmes numériques (entre autres Google, Facebook, Apple et Microsoft), nous assistons à la privatisation de la parole publique [… et] le numérique est capable maintenant d’automatiser les services et les transactions humaines. » (p.30) D’un côté, à l’instar de Doueihi, le numérique propose des avenues positives car elle « stimule la créativité en sciences et en techniques, en médecine, en arts et dans le domaine culturel, et qu’elle rend possible une mondialisation étendue » (p. 30-31). Lafrance voit plutôt

« des dommages collatéraux causés à la classe moyenne par l’automatisation des processus de production et la robotisation des tâches. Le numérique, de par la nature virtuelle de l’argent (l’argent c’est de l’information), permet en outre à un petit nombre d’individus et d’entreprises de contourner toutes les règles de l’État social et de ne pas payer leur juste part à la communauté. Le «faux gratuit» s’instaure partout dans les failles de l’actuel système de régulation. Le numérique introduit toute une série de biais dont profitent les plus astucieux. Enfin, devant ces bouleversements, le citoyen souffre de plus en plus d’insécurité et de «stress de l’âme», déstabilisé qu’il est par la vitesse des changements. »

Lafrance (2018) p. 31

En mon sens, Lafrance propose son chapitre le plus percutant, d’où mon intérêt de le recenser avec tant de précision. Cette synthèse de la pensée humaniste du dernier demi-millénaire établit avec brillo les propos des prochains chapitres.

Le second chapitre présente un état de l’économie numérique qui a troublé notre « conception même de la création de valeur. » (p. 33) Celui-ci est constitué de plusieurs éléments, divisés en six sections, dont la « conception [d’expériences numériques] assistés par l’usage » fait de tout utilisateur un collaborateur actif de par les traces numériques laissées dans le système.

« Certains distinguent les données «soumises» par l’observé (consenties donc par lui), les «données observées», résultat de la captation des traces laissées par les internautes, des données «inférées», pour faire suite au traitement par les outils d’analyse mis en place par les entreprises. »

Lafrance (2018) p. 35

L’économie contributive, en second élément, positionne le consommateur en « auxiliaire de production et de la distribution sans compensation financière. » (p. 35) On parle de capitalisme cognitif ou pollinisation humaine lorsque l’on est appelé à effectuer nos saisies transactionnels bancaires soi-mème.

Ensuite, « la grande instabilité des entreprises du Web » – à l’instar de Schumpeter – implique que l’innovation est la grande faucheuse des entreprises manquant de vision. Tout devient opportunité d’affaire, comme les données personnelles dans un processus inlassable de marchandisation. (p. 36-7)

Puis, Lafrance présente ces entreprises qui exploitent les paradis fiscaux en « cancer qui ronge les finances publics. » (p. 38) « Il semble qu’il y ait que deux solutions pour vivre dans le milieu hypercompétitif des entreprises numériques : obtenir une notoriété pour fidéliser le plus d’usagers possibles et se vendre ensuite au plus offrant, ou entreprendre la course v ers de difficiles sommets. » (p. 42)

C’est dans la « privatisation du Web » (p. 43) que Lafrance voit l’intervention des principaux joueurs du numérique. Il passe en revue les pratiques et modèles d’affaires de Amazon, Google, Facebook, Microsoft et Apple dans une analyse minutieuse de statistiques décrivant leurs opérations, impacts socioéconomiques et appétit vorace pour la croissance.

Un « mouvement d’ensemble » (p. 61) se dégage enfin par la privatisation du web, le recours à l’intelligence artificielle (deep learning) pour ressasser ces masses de données, mouvements également observables en Chine. Lafrance se demande « qu’en est-il du danger pour les individus de voir utiliser leurs données personnelles contre leur gré ? » (p. 63)

Lafrance lance le troisième chapitre sur le thème de l’économie de partage. Il positionne ces services numériques entre les services publics et les entreprises capitalistes. Sa critique de l’économie collaborative, ou « économie non marchande (appelée common) […] se caractérise par ces entreprises qui favorisent l’usage et non la propriété du bien. » (p. 68) soit « une certaine désintermédiation des échanges parce que les partenaires s’engagent à effectuer eux-mêmes certaines opérations qui sont dévolues, dans l’économie marchande, à d’autres entreprises, qui captent la valeur et font augmenter le prix au consommateur, par exemple le transport, l’entreposage, le marketing. » (p.69) Il est question d’effet de réseau qui génère des externalités positives de l’économie de l’information (p. 73, citant Henri Isaac). Lafrance propose cette réflexion absolument intrigante:

Avec Uber, nous sommes revenus au Moyen àage, à l’époque du petit artisan d’avant l’industrialisation du travail, seul et responsable lui-même de l’économie de son foyer, sans protection d’aucune nature et à la merci du hasard des accidents, de la maladie et de la vieillesse. Dans un tel cas, c’est l’État qui doit assumer le filet social de ces travailleurs démunis. Est-ce la nouvelle confirmation du travail en miette de Goerges Friedmann ? [Le travail en Miettes, Paris, Gallimar, 1956]

Lafrance (2018) p. 76

Lafrance présente dans le quatrième chapitre, son plaidoyer pour un revenu minimum garanti. Ce passage est particulièrement éclairant:

Dans l’économie du passé récent, une bonne part des activités humaines n’était pas rémunérée : travail domestique, éducation primaire des enfants, soin apporté par les aidants naturels aux personnes malades, etc. Il faudrait ajouter à cela la prise en charge de la santé personnelle par l’exercice physique ou les soins curatifs. La culture et la créativité personnelle sont bien souvent considérées comme non-rentables (économiquement), le bricolage est assimilé au travail au noir, le sommeil est improductif, le loisir est la récompense de la pénibilité du labeur, etc. […] Nous sommes toujours tributaires de la morale protestante du travail [citant Weber]

Lafrance (2018) p. 102

Le contraste proposé est saisissant:

Et si nous consacrions plus de temps à ce que Foucault appelle le «souci de soi» ou l’amour des nôtres… Dans notre civilisation du «tout, tout le temps, partout», le travail et la consommation épuisent toutes nos énergies et nous laissent esseulés et sans énergie.

Lafrance (2018) p. 104

Deuxième partie : Ressaisir l’humain

Après avoir examiner l’environnement autour de l’humain, Lafrance plonge en son for intérieur. Son approche est aussi rafraîchissante qu’inattendue et consiste en plonger dans la sagesse des penseurs de l’aube de l’humanité pour revisiter les préceptes anciens du bonheur et de la nature même de l’être.

Dans ke cinquième chapitre, Lafrance débute avec la fin, la mort, pour examiner « le posthumanisme, une utopie mortifère. » Pour réfléchir à ce qui succèdera à l’Homo sapiens, proposant le cyborg, Lafrance précise :

L’idéologie du corps augmenté et sublimé est une dilatation de nos ego, dans la ligne droite de notre appétit de performance physique, dopés par les amphétamines et autres substances énergisantes issues de l’industrie alimentaire et biochimique. L’homme moderne veut maîtriser son monde : en externalisant ses capacités corporelles et mentales, en conjurant ses peurs (maladies, attaques extérieures), en comblant sa solitude (la nécessité d’être branché en permanence) et l’abandon qu’il ressent à l’arrivée dans ce monde (les psychanalistes parlent du choc de la séparation de la mère et de la castration), en dépassant notre finitude par l’accès au monde éternel des dieux. Toute la mythologie grecque repose sur l’omnipuissance des dieux et la faiblesse de l’homme qui vole le feu pour réussir à subsister (le mythe de Prométhée)

Lafrance (2018) p. 113

S’en suit une exposition de la thèse de la puissance de Spinosa, telle que présentée par H. Laux [«La puissance réelle chez Spinoza», Archives de philosophie, t. 64, 2001/4, p. 709-719] voulant que « chaque chose, autant qu’il soit en elle, s’efforce de préserver dans son être ». Lafrance ajoute qu’ :

il importe de distinguer puissance et pouvoir. Le pouvoir participe d’un modèle coercitif fondé uniquement sur la crainte, imposant des rapports strictement déterminés, voire unidimensionnels, et donne la figure unitaire à la constitution du social ; par opposition, la puissance peut naître de l’interrelation des singularités et des libertés ; dans ce cas, le modèle de cohésion intégrera des rapports diversifiés dans une unité qui résulte du jeu des identités plus qu’elle ne s’impose à eux en extériorité.

Lafrance (2018) p. 114

Entre recherche industrielle et la pensée libertaire,

Le transhumanisme va encore plus loin, s’est le nivellement des différences entre l’humain et la machine et leur possible mixage dans la machine bionique. L’idée première est la disparition des différences.

Lafrance (2018) p.115

Lafrance adhère à la thèse de Brenard Stiegler sur l’accélération de l’innovation, y voyant la source des « maladies du numériques et [des] attitudes désubjectivantes de l’usager » (p. 121) qui contrecarre les mécanismes de construction de notre civilisation.

Trois phénomènes planétaires sont en train de transformer le monde et de réorienter notre mode de vie, notre travail, notre façon de communiquer et de vivre : 1) le passage de l’économie industrielle basée sur la fabrication de biens matériels à une économie de services grâce aux technologies intelligentes (métadonnées, robotisation des tâches, nanotechnologies) ; […] 2) la mondialisation favorisée par l’extension de l’internet et la virtualisation des produits qui permet la délocalisation des emploi dans des plus pauvres et la création des paradis fiscaux qui fragilisent les finances des États ; l’insécurité ressentie par plusieurs étant donné la prolifération des actes terroristes aveugles qui transportent la menace et le danger jusque dans les endroits qui autrefois étaient considérés comme sûrs.

Lafrance (2018) p. 126

Pour répondre à ces maux, Lafrance plonge dans la métaphysique antique, proposant « la philosophie comme thérapie de l’âme » (p. 133)

Pour échapper à sa propre tutelle, la raison doit décider de penser par elle-même, secouer le joug des pressions sociales pour découvrir son propre fondement, la liberté en tant qu’autonomie. L’origine même de la morale trouve son siège non plus dans l’ordre de la Nature, ou dans la quête du bonheur, ou dans la soumission à la volonté divine, mais dans l’autonomie de la volonté, c’est-à-dire dans le fait pour la volonté d’être législatrice, d’établir elle-même ses lois. L’autonomie ne signifie nullement l’arbitraire de la subjectivité individuelle, mais la loi propre de la Raison, comme le résumera l’impératif catégorique kantien : «Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse être érigée en loi morale universelle.» [citant: Fondements de la métaphysique des moeurs, Paris, Flammarion, 1994] Notons que Rousseau a profondément influancé le conception kantienne de l’autonomie qui prend la forme du Contrat social, selon laquelle «l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté». [citant: Rousseau, Du contrat social, livre 1, chap. 8] Kant a proposé le principe de l’origine de la philosophie morale (qui est liberté et autonomie) comme Descartes a établi l’origine de la connaissance à partir du sujet pensant (cogito, ergo sum).

Lafrance (2018) p. 134

Ces pages de Lafrance sont les plus puissantes, offrant encore une fois une synthèse réticulaire de plusieurs penseurs occidentaux, où les moyeux sont formés parleurs idées ! Mais nous n’es sommes qu’au début…

Dans la civilisation grecque classique, les philosophes socratiques enseignaient que l’existence nécessite une discipline de soi, exigeant la domestication des désirs et du plaisir (l’épicurisme), l’acceptation de la vulnérabilité de la nature humaine (le stoïcisme) et une certaine forme d’ascèse ou de «simplicité volontaire» (le scepticisme de Diogène Laërce); la maïeutique de Socrate – son art de faire «accoucher» les esprits de leurs connaissances, de favoriser l’expression d’un savoir caché en soi – montre bien qu’il s’agissait d’une véritable entreprise de transformation spirituelle.

Lafrance (2018) p. 134-5

Par ailleurs,

Le bonheur se distingue du plaisir par la durée et parce que le plaisir concerne ce qui est agréable ; la joie est un état plus dynamique que le bonheur. La félicité est un bonheur parfait. [… Le] type d’existence qu’on souhaiter mener […] pouvait mener à des comportements de vie comme l’autarcie, l’ataraxie (tranquillité), l’apathie (état d’âme qui ne se laisse émouvoir par aucune passion, par exemple, l’apathie du sage stoïcien). »

Lafrance (2018) p. 136

Quelle belle matière à réflexion pour modérer sa compulsion à consulter ses médias sociaux ! Comme thérapie, Lafrance propose :

Les exercices spirituels étaient pratiqués seuls, avec un maître ou avec un conseiller d’existence. Il y avait les pratiques corporelles, comme l’abstinence, les épreuves d’endurance visant la maîtrise de soi, des ascèses mentales comme la maîtrise des représentations (phantasmia), la préméditation des maux, la méditation contemplative, l’exercice de la mort et l’examen de conscience. Enfin, il y avait des pratiques mixtes comme le dialogue, l’écoute, l’écriture et la mémorisation des notes personnelles (hypomnèmata). On peut les répartir en trois classes : les exercices de conformité à la nature, ceux impliquant les relations sociales et les exercices personnels.

Lafrance (2018) p. 138

Il est rare que je lise un texte traitant de mon sujet d’étude qui me touche tant. J’y vois plusieurs mécanismes qui agissent comme un baume à mon anxiété numérique, telle l’Écriture d’un carnet pour gérer ma surdose d’information : une forme d’hypomnèmata 2.0. À lire absolument, le dossier «Philosophie comme mode de vie» de Daniel Desroches diffusé dans l’Encyclopédie de l’Agora – qui présente les pensées du Le professeur Pierre Hadot. Lafrance se b ase sur ce texte très pertinent. (voir aussi la version archivée de ce dossier dans Internet Archive)

Un livre incroyable tant par sa portée que par sa profondeur. Merci Jean-Paul Lafrance pour cet incroyable travail.

Conférence CultureLibre.ca

Droit et libre accès

Voici certains compléments pour ma présentation à l’École d’été sur les humanités numériques du CRIHN, au 3e jour, ce matin de 9h-12h. Voici le titre: « Droit et accès libre » et la lecture que j’ai proposé: « Éléments pour une analyse juridique du numérique »

Une lecture complémentaire: Analyse juridique du libre accès dans le magazine Découvrir de l’ACFAS.

Présentation sur le droit d’auteur

Canada Droit d'auteur Rapport et étude Réforme

Le rapport tant attendu sur le droit d’auteur

L’article 92 de la Loi sur le droit d’auteur au Canada stipule que le Gouvernement doit procéder à une analyse quinquennal obligatoire. Il semble que nous sommes servi : ce n’est pas un mais deux rapports diffusés par autant de comités parlementaires fédéraux.

Le 2 mai dernier, le Comité permanent du patrimoine canadien livrait un rapport de 82 pages traitant des modèles de rémunération des créateurs canadiens. Un mois plus tard, soit aujourd’hui, le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie du Parlement du Canada propose maintenant un second rapport, celui-ci étant identifié par son titre comme étant le rapport imposé par la loi.

Pour ce qui est du plus récent rapport, le communiqué de presse diffusé le 3 juin sur le site du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie :

Le rapport formule 36 recommandations. Il comprend des recommandations visant à réduire l’opacité du droit d’auteur, notamment en recueillant des renseignements faisant autorité sur son incidence sur les créateurs et les industries créatives du Canada, en augmentant la transparence de l’administration collective des droits et en simplifiant la Loi sur le droit d’auteur. Le Comité recommande d’améliorer le pouvoir de négociation des créateurs canadiens en leur accordant un droit de résiliation tout en atténuant son impact sur les marchés de droits d’auteur. Il propose également d’effectuer une mise à jour raisonnable des mécanismes d’application, en commençant par les dommages-intérêts préétablis pour les titulaires de droits et les recours dont disposent les sociétés de gestion collective. Des recommandations portent sur les propositions de blocage de sites et leur impact potentiel sur la forme et la fonction d’Internet, et affirment que les fournisseurs de services en ligne tels que Google et Facebook doivent se conformer pleinement à la législation dans l’intérêt des titulaires de droits et des utilisateurs. Le rapport recommande également une voie à suivre pour protéger les expressions traditionnelles et culturelles.

https://www.noscommunes.ca/DocumentViewer/fr/42-1/INDU/communique-de-presse/10537035

Le document complet de 153 pages est disponible pour téléchargement (lien direct vers la version PDF).

Je me réjouis de découvrir que le mémoire auquel j’ai contribué est cité dans le rapport du Comité ! Outre cette petite coquetterie par le truchement de la fonction de recherche pour fouiller ledit document, je n’ai pas pris connaissance de la substance du rapport. Je voulais à tout le moins signaler sa mise à disposition.

CultureLibre.ca LLD

Plan d’intervention et de recherche quinquennal

0. Arrimer les activités avec des intervenants et organisations du milieu juridico-documentaire

1.Concepts & théories : 1.1 Réseau, dynamiques des marchés ; 1.2 Communs, utilitarisme et libre accès (données ouvertes liées et éventuellement, les oeuvres elles-mêmes)

2. Pratique professionnelle, concepts limitrophes : 2.1 Ludos et jeux vidéo ; 2.2 droit du livre numérique multimodal

0′. Structures : comment interroger nos pratiques et conceptualisations grâce aux structures juridiques(existantes) et technologiques (anticipées: libre accès aux métadonnées/oeuvres)