Droits des citoyens | Page 3

Accès libre Montréal

Wikipedia à l’université: trois conférences à Montréal

Rediffusion sans modification d’un courriel lancé sur une liste de bibliothécaires du Québec:

Usages de Wikipédia en bibliothèque

Les bibliothèques universitaires québécoises vous invitent à prendre part à cette première activité d’un cycle de trois portant sur les usages des projets Wikimédia en bibliothèque.

Wikipédia, le projet le plus connu de la Fondation Wikimédia, est la ressource documentaire la plus utilisée dans le monde. Bien que cette encyclopédie soit au cœur du comportement informationnel des internautes d’aujourd’hui, rares sont les gens qui savent comment y contribuer.

Apprendre à participer à ce projet encyclopédique permet pourtant de développer des compétences cruciales en matière de littératie numérique, soit : évaluer, synthétiser et structurer l’information, collaborer au sein d’une communauté productrice de savoirs, etc. Les usages pédagogiques et bibliothéconomiques de Wikipédia sont nombreux et gagnent à être connus.

Depuis les dernières années, un nombre grandissant de bibliothécaires québécois se font les porte-étendards de ce travail de vulgarisation au sein de leur institution. Cette activité gratuite et ouverte à tous sera l’occasion de discuter des usages de l’encyclopédie libre en milieu universitaire et plus généralement dans le milieu des bibliothèques.

Informations pratiques sur l’activité

Date : 15 février 2019 de 13h à 16h

Lieu : Bibliothèque centrale de l’Université du Québec à Montréal, salle A-M204

Participation à distance https://uqam.zoom.us/s/689244567

Inscription : Les personnes intéressées à assister à l’activité en présentiel peuvent s’inscrire via

Eventbrite ou Facebook jusqu’au 14 février 2019

Voir l’affiche de l’activité

Intervenants :

Michael David Miller, bibliothécaire à l’Université McGill

Jean-Michel Lapointe, bibliothécaire à l’Université du Québec à Montréal

Pascal Martinolli, bibliothécaire à l’Université de Montréal

Animation : Marie D. Martel, professeure à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal

Activité gratuite et ouverte à tous. Café et biscuits seront offerts. Apportez votre tasse

Informations sur le cycle d’activités

La Fondation Wikimédia, un organisme à but non lucratif et à vocation éducative, mène plusieursprojets libres et collaboratifs. Ce cycle de trois activités de réflexion et de retours d’expérience vise à mieux connaître les usages actuels et possibles des projets de l’écosystème Wikimédia en bibliothèque. Notez que ces activités peuvent être suivies de façon indépendante les unes des autres.

Activité 2 : la bibliothèque multimédia Wikimédia Commons

Cette activité s’insère dans le cadre de l’exposition Conrad Poirier, photoreporter (1912-1968) : valoriser les biens communs du domaine public, qui se déroulera du 24 janvier au 31 mars 2019.

Date : lundi 25 mars 2019 de 13h à 16h

Lieu : Carrefour des arts et des sciences de l’Université de Montréal, salle C-2081

Intervenants :

Florian Daveau, archiviste à BAnQ Vieux-Montréal

Michel Champagne, archiviste à l’Université de Montréal

Lëa-Kim Châteauneuf, bibliothécaire à la Ville de Montréal

Animation : Olivier Charbonneau, bibliothécaire à l’Université Concordia

Activité 3 : la base de connaissances sémantique Wikidata

Date projetée : Début juin 2019

Lieu : Informations à venir

Accès libre Livre et édition Montréal

Wikipédien.ne en résidence – contrat d’un an à Montréal

La Bibliothèque de l’Université Concordia (mon employeur) recrute actuellement une Wikipédienne ou Wikipédien en résidence pour un mandat d’un an. Débutant à l’hiver 2019, la résidence est d’une durée de douze (12) mois à raison d’une journée par semaine, contre une rémunération globale de 10 000 $.

En plus de travailler sur cette encyclopédie collaborative, vous aurez la chance d’organiser des formations, édit-o-thon et autres activités dans nos merveilleux locaux.

Vous avez jusqu’au 15 février pour nous faire suivre votre application – lisez l’appel de candidatures sur le site Internet de la bibliothèquehttps://library.concordia.ca/about/jobs/wikipedian-in-residence-fr.pdf

Voici un copier-coller de la description du poste:

Wikipédien ou wikipédienne en résidence

La Bibliothèque de l’Université Concordia souhaite recruter un wikipédien ou une wikipédienne en résidence, dont le mandat consistera à promouvoir les compétences numériques chez les membres de la communauté universitaire. Située à Montréal, l’une des villes les plus agréables d’Amérique du Nord, l’Université Concordia figure parmi les établissements d’enseignement supérieur les plus dynamiques du Canada. Axée sur la diversité, l’accessibilité, la responsabilité sociale et l’innovation, elle compte plus de 45 000 étudiants (dont 7 500 viennent de l’étranger) ainsi que plus de 2 000 professeurs à temps plein et à temps partiel. Elle est reconnue pour l’expérience enrichissante qu’elle offre à ses étudiants et pour son solide engagement communautaire. La Bibliothèque de l’Université Concordia offre des collections et des services essentiels à la réussite universitaire, à la création, à l’avancement du savoir et à l’apprentissage tout au long de la vie. Avec une équipe de 120 bibliothécaires, professionnels et employés de soutien qui placent la réussite des étudiants et des professeurs au cœur de leur pratique, la bibliothèque collabore à la réalisation des objectifs énoncés dans son plan stratégique ainsi que dans le cadre et les vecteurs stratégiques de l’Université.

Pour en savoir davantage sur les services et le fonctionnement de la bibliothèque, consultez la page http://library.concordia.ca/.

La Bibliothèque de l’Université Concordia s’engage à assumer un rôle essentiel en matière d’enseignement et d’apprentissage sur le campus, à contribuer à la réussite des étudiants ainsi qu’à promouvoir les ressources en libre accès et la recherche. La bibliothèque Webster, située sur le campus Sir-George-Williams, comporte un bac à sable technologique et ainsi qu’un studio de visualisation qui ont été créés dans le cadre de la récente transformation de ses espaces. La stratégie numérique de l’Université mise, entre autres, sur le renforcement des capacités et des compétences numériques de tous les membres de la communauté de Concordia. La résidence wiki à Concordia a pour objectif global de promouvoir Wikipédia et les compétences informationnelles et numériques, ainsi que d’établir un partenariat à long terme entre la Fondation Wikimédia et l’Université. Il suffit d’examiner d’autres résidences wiki ailleurs dans le monde pour constater l’ampleur des activités et des projets entrepris à ce jour.

La Bibliothèque de l’Université Concordia offrira au titulaire de la résidence wiki :

 un encadrement supervisé;

 un espace de travail pourvu du matériel informatique nécessaire;

 un accès à l’infrastructure technologique, aux ressources ainsi qu’aux collections de documents papier et numériques de la bibliothèque;

 un milieu d’enseignement et d’apprentissage pour donner des cours en petits groupes ou animer des séances destinées à des auditoires plus larges;

 des occasions d’interagir avec le personnel de la bibliothèque.

Responsabilités

 Accorder de 6 à 8 heures par semaines à la résidence – la présence sur place du titulaire est requise la majeure partie du temps.

 Cultiver un partenariat entre la communauté Wikimédia et l’Université Concordia.

 Renforcer les capacités de l’Université à collaborer avec Wikimédia dans le cadre de projets.

 Favoriser une meilleure compréhension de Wikipédia, de la médiathèque Wikimedia Commons, de Wikidata et du mouvement pour le libre accès chez les membres de la communauté de Concordia (c’està-dire les membres de l’effectif étudiant, des professeurs et du personnel, y compris celui de la bibliothèque), au moyen d’ateliers et d’activités.

 Prêter assistance aux professeurs et aux bibliothécaires qui souhaitent intégrer Wikipédia dans leurs activités d’enseignement et d’apprentissage.

 Coordonner les activités, notamment les événements rédactionnels qui réunissent sur place des membres de la communauté des wikipédiens et du personnel dans un effort concerté de création et d’amélioration du contenu.

Exigences

 Baccalauréat et trois années d’expérience de travail ou d’études dans une discipline pertinente.

 Expérience dans un ou plusieurs des domaines suivants : rédaction pour Wikipédia; contribution à la médiathèque Wikimedia Commons; participation à des projets Wikidata. Expérience souhaitable en prestation de formation dans un de ces domaines.

 Connaissance des tendances larges entourant une ou plusieurs des notions suivantes : enseignement ouvert; pédagogie ouverte; libre accès à l’information; science ouverte; libre accès au savoir; et gestion des droits d’auteur relatifs aux œuvres en usage partagé.

 Connaissance et intérêt à l’égard d’initiatives de développement de compétences numériques en milieu universitaire et dans la communauté en général.

 Expérience démontrée souhaitable en planification et en livraison de petits projets où interviennent de multiples partenaires.

 Maîtrise essentielle de l’anglais parlé et écrit. Maîtrise du français parlé et connaissance de base du français écrit souhaitables.

Financement et durée de la résidence

Débutant à l’hiver 2019 pour une durée prévue d’un (1) an, la résidence est d’une durée de douze (12) mois à raison d’une journée par semaine, contre une rémunération globale de 10 000 $.

Modalités d’offre de services V

Veuillez soumettre les documents suivants en une (1) seule pièce jointe en format PDF :

 une lettre de motivation;

 votre curriculum vitæ, lequel doit préciser votre statut en matière de citoyenneté;

 le nom, l’adresse courriel et le numéro de téléphone de trois personnes pouvant fournir des références à votre sujet.

Le dossier de candidature doit être envoyé par courriel à l’adresse library.employment@concordia.ca.

Date limite de soumission des candidatures : le vendredi 15 février 2019 à 17 heures.

Nous communiquerons uniquement avec les personnes sélectionnées aux fins d’entrevue. Les personnes qui ont des questions ou qui souhaitent obtenir de plus amples renseignements à propos du poste de wikipédien ou de wikipédienne en résidence sont invitées à communiquer avec Lorie Kloda, directrice adjointe – Planification et relations avec la communauté, à lorie.kloda@concordia.ca.

L’Université Concordia valorise la diversité au sein de son personnel et s’engage à promouvoir un accès égal à l’emploi. L’Université encourage tous les candidats qualifiés à soumettre leur candidature, incluant les femmes, les membres de minorités visibles, les Autochtones, les personnes des groupes d’orientations et d’identités sexuelles minoritaires, les personnes handicapées ainsi que toute autre personne pouvant contribuer à la diversité de notre communauté. Nous invitons les membres des groupes ci-dessus à s’identifier lors du dépôt de leur candidature.

Canada Droit d'auteur Droits des citoyens Réforme Revendication Utilisation équitable

Mémoire sur la réforme du droit d’auteur au Canada

Onze chercheurs en droit d’auteur, sous la direction des professeures Pascale Chapdelaine et Mira Tawfik, incluant votre humble serviteur, ont rédigé un Mémoire sur la réforme du droit d’auteur afin de le faire parvenir au Comité de l’industrie du Parlement Canadien, qui procède à l’examen quinquennal de ladite Loi.

J’ai pris soin de proposer une traduction grâce à l’algorithme de Google Translate, que j’ai révisé pour corriger certaines nuances qui auraient échapé à cet outil. Ladite traduction, Mémoire sur le droit d’auteur, est disponible sur CultureLibre.ca

2018 Copyright Brief / Mémoire sur le droit d’auteur

Le mémoire original, rédigé en anglais, est disponible sur le carnet du LTEC Lab, le site de la communauté à l’University of Windsor qui s’intéresse au droit et technologies:

http://www.lteclab.com/blog-post/canadian-copyright-reform-maintaining-copyrights-legitimacy-and-credibility-for-the-21st-century/

Art contemporain Conférence Exceptions au droit d'auteur Montréal Utilisation équitable

L’art artificiel en cour

Basanta (gauche) Chamandy (droite). Source: Goodmans IP 29 oct. 2018. Reproduit et diffusé pour des fins d’utilisation équitable (tels que: éducation, communication de nouvelles, critique et compte rendu)

Le 23 novembre prochain aura lieu la Conférence Les Cahiers de Propriété Intellectuelle: droit + Intelligence artificielle, à laquelle je me suis empressé de m’inscrire. Mais ce matin, j’ai pu entendre ce qui me semble être une des première action en justice entre deux artistes à cause d’une oeuvre générée par algorithme.

La source provient de l’épisode 409 de CBC Spark par Nora Young, une émission scientifico-gook-numérique du radiodiffuseur national anglophone (Canadian Broadcasting Corporation). Le segment débute à 10 minutes de l’épisode 409 et dure une vingtaine de minutes.

Amel Chamandy, artiste, galériste et donatrice au MBAM (source), contre Alain Basanta, artiste et chercheur à Hexagram (Concordia). Basanta explore l’utilisation d’une IA pour créer de l’art et une des oeuvres, selon Chamandy, plagie une des siennes. L’expo de Basanta en cause se nomme All we even need is one another.

En plus de quelques détails et des entrevues de Basanta et la lecture d’une déclaration de l’avocat de Chamandy, Nora Young, l’animatrice de l’émission Spark de CBC, offre une entrevue du professeur Jeremy deBeer. À lire aussi, cette note sur le blogue de la CBC Radio.

Pour voir les images, je vous invite d’accéder à cet article du Globe and Mail.
Nous y apprenons que l’avocat de Chamandy se nomme Me Pascal Lauzon et Chamandy est exposée à la galerie NuEdge. Voir aussi ce billet de Goodman IP, une firme d’avocats de Toronto.
Accès libre

Quelques ressources sur le libre accès pour les éditeurs de revues

Une petite recension sur le thème très large de le libre accès et les métadonnées juridiques pour systèmes documentaires

PLOS

Source: SPARC & PLOS: How Open is it?

SPARC

 

DOAJ

Avocat CultureLibre.ca Droits des citoyens France

Lecture de « petite poucette » de Michel Serres 2012 (mais lecture de la réédition de 2017)

En passant par ma bibliothèque municipale, je suis tombé sur la réédition de 2017 chez Éditions de Noyelle / France Loisir du livre Petite Poucette [initialement chez Le Pommier en 2012] du philosophe et professeur à Standford University, Michel Serres. Une lecture rapide mais exigeante explorant les mutations qu’ont pu vivres les jeunes à travers les yeux perçants de quelqu’un au long parcours.

L’auteur divise son oeuvre en trois: la première partie présente ce que peut vivre Petite Poucette et comment cela façonne sa perception de la réalité. Ensuite, l’auteur expose comment cette perception s’applique à l’école, surtout lorsque l’on peut retrouver toute information à la pointe des doigts – dans ce cas-ci, on peut réellement parler d’information digitale. La dernière partie traite de la société au sens large et c’est là que j’ai déniché des perles…

Un des thèmes proposé par Serres concerne le renversement de la présomption d’incompétence, intertitre d’une section de sa troisième partie sur la société:

Utilisant la vieille présomption d’incompétence, de grandes machines publiques ou privées, bureaucratie, médias, publicité, technocratie, entreprises, politique, universités, administrations, science même quelquefois…, imposent leur puissance géante en s’adressant à des imbéciles supposés, nommés grand public, méprisés par les chaînes à spectacle. En compagnie de semblables qu’ils supposent compétents, et, de plus, pas si sûr d’eux-mêmes, les Petits Poucets, anonymes, annoncent, leur voix diffuse, que ces dinosaures, qui prennent d’autant plus de volume qu’ils sont en voie d’extinction, ignorent l’émergence de nouvelles compétences. Que voici (p. 66)

Soulignant maintenant l’émergence de voix, de brouhaha collectifs par le biais de médias sociaux, Serres recentre le rôle du Petit Poucet par rapport à l’expert, être voué à disparaître:

Le collectif, dont le caractère virtuel se cachait, peureux, sous la mort monumentale, laisse la place au connectif, virtuel vraiment. (p. 67)

Relatant son parcours personnel, jadis épistémologue (qui « étudie les méthodes et les résultats de science), Serres précise:

Alors que je ne prétends plus à cette discipline, tout le monde aujourd’hui devient épistémologue. Il y a présomption de compétence. Ne riez pas, dit Petite Poucette: quand ladite démocratie donna le droit de vote à tous, elle dut le faire contre ceux qui criaient au scandale qu’on le donnât, de manière équivalente, aux sages et aux fous, aux ignorants et aux instruits. Le même argument revient. (p. 67-8)

Que sont devenues les institutions de jadis?

Pour la première fois sans doute de l’histoire, le public, les individus, les personnes, le passant appelé naguère vulgaire, bref Petite Poucette, pourront et peuvent détenir au moins autant de sagesse, de science, d’information, de capacité de décision que les dinosaures en question, dont nous servons encore, esclaves soumis, la voracité en énergie et l’avarice en production. […] Voilà pourquoi ce livre titre: Petite Poucette. Il touche aussi les cultures, puisque la Toile favorise la multiplicité des expressions et, bientôt, la traduction automatique, alors que nous sortons à peine d’une ère où la domination géante d’une seule langue avait unifié dires et pensées dans la médiocrité, en stérilisant l’innovation. (p. 68-9)

Serres note une complexification croissante de la société.

Or, je le répète, l’histoire des sciences connaît le décrochement qui s’ensuit de ce type de croissance. Lorsque l’ancien modèle de Ptolémée eut accumulé des dizaines d’épicycles qui rendaient illisible et compliqué le mouvement des astres, il fallut changer la figure : on déplaça vers le soleil le centre du système et tout redevint limpide. Sans doute, le code écrit d’Hammourabi mit fin à des difficultés sociojuridiques tenant au droit aural. Nos complexités viennent d’une crise de l’écrit. Les lois se multiplient, enfle le Journal officiel. La page se trouve à bout de course. Il faut changer. L’informatique permet se relais. (p. 72)

Faisant l’éloge de la « vitesse électronique » (p. 72), Serres poursuit:

Que la complexité ne disparaisse pas ! Elle croît et croîtra parce que chacun profite du comfort et de la liberté qu’elle procure ; elle caractérise la démocratie. Pour réduire le coût, il suffit de le vouloir. Quelques ingénieurs peuvent résoudre ce problème en passant au paradigme informatique, dont la capacité conserve et même laisse croître le simplexe, mais le parcourt vite, supprime donc, je le répète, files ou bouchons et gomme les chocs. (p. 72-3)

Par files et bouchons, Serres fait référence aux files des guichets de services et les bouchons de circulation. Il introduit à ce stade-ci un concept central de la thèse du livre, celui de l’importance des données:

Petite Poucette – individu, client, citoyen – laissera-t-elle indéfiniment l’État, les banques, les grands magasins… s’approprier ses données propres, d’autant qu’elles deviennent aujourd’hui source de richesse ? Voilà un problème politique, moral et juridique dont les solutions transforment notre horizon historique et culturel. Il peut en résulter un regroupement des partages socio-politiques par l’avènement d’un cinquième pouvoir, celui des données, indépendant des quatre autres, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique. (p 73)

Ce dernier passage est particulièrement inspirant. D’ailleurs, les pages qui suivent sont d’une richesse inouïe, qui versent dans la théorie cybernétique sans la nommer. Serres revisite la distinction, classique en France et ailleurs, entre les disciplines intellectuelles, racines d’innombrables structures socioéconomiques. Ainsi, il explore la distinction entre celles-ci: « lettres, sciences, droit et médecine-pharmacie » (p. 74) où la première « chantaient l’égo, le je personnel, l’humain de Montaigne, ainsi que le nous des historiens, linguistes et sociologues » tandis que les secondes « énonçaient des lois générales, voire universelles » – mais le droit et la médecine sont d’un autre ordre:

Mis tous deux en tiers, la médecine et le droit accédaient ensemble, peut-être sans le comprendre, à une manière de connaître qu’ignoraient les sciences et les lettres. Unissant le général et le particulier, naquit, dans ces facultés juridiques et médicales, un tiers sujet… l’un des ancêtres de Petite Poucette. (p. 74)

La capacité de Petite Poucette à manipuler ses bidules et « maîtriser des pouces boutons, jeux et moteurs de recherche » (p. 75-6),

[Petite Poucette] déploie sans hésitation un champ cognitif qu’une part de la culture antérieure, celle des sciences et des lettres, a longtemps laissé en jachère, que l’on peut nommer «procédural». […] En passe de concurrencer l’abstrait de la géométrie aussi bien que le descriptif des sciences sans mathématiques, ces procédures pénètrent aujourd’hui le savoir et les techniques. Elles forment la pensée algorithmique. (p. 76)

De plus,

L’objectif, le collectif, le technologique, l’organisationnel… se soumettent plus, aujourd’hui, à ce cognitif algorithmique ou procédural qu’aux abstractions déclaratives que, nourries aux sciences et aux lettres, la philosophie consacre depuis plus de deux millénaires. (p. 77)

En effet, cette émergence de de l’algorithme ou de la procédure n’a rien de nouveau. Serres invoque les travaux de Pascal et Leibniz pour souligner son origine :

Formidable mais alors discrète, cette révolution passa inaperçue des philosophes, nourris aux sciences et aux lettres. Entre formalité géométrique – les sciences – et la réalité personnelle – les lettres – advenait, dès cette époque, une nouvelle cognition des hommes et des choses, déjà prévue dans l’exercice de la médecine t du droit, tous deux soucieux de réunir juridiction et jurisprudence, malade et maladie, universel et particulier. Émergeait là notre nouveauté. (p. 77-8)

Et c’est là que la thèse de Serres déploie tout sons sens pour mes recherches: « La nouvelle victoire de ces vieilles procédures vient de ce que l’algorithmique et le procédural s’appuient sur des codes » (p. 78). Justement, le code persiste dans les vieilles disciplines (droit, médecine, pharmacie) et les nouvelles (biochimie, théorie de l’information, nouvelles technologies) car elles « s’en emparent, et, de là, le généralisent au savoir et à l’action en général. » (p. 78)

Jadis et naguère, le vulgaire n’entendait goutte aux codes juridiques, ni à ceux des médicaments ; ouvert ou fermé, leur écriture pourtant affichée ne restait lisible qu’aux doctes. Un code ressemblait à une pièce à deux côtés, poli ou face, contradictoires : accessible et secret. Nous vivons depuis peu dansla civilisation de l’accès. Le correspondant linguistique et cognitif de cette culture y devient le code, qui le permet ou l’interdit. Or justement le code institut un ensemble de correspondances entre deux systèmes à traduire l’un dans l’autre, il possède les deux faces dont nous avons besoin dans la circulation libre des flux dont je viens de décrire la nouveauté. Il suffit de codes pour préserver l’anonymat en laissant libre l’accès. (p. 79)

Serre propose, par exemple, l’ADN comme exemple de ce code qui est à la fois ouvert et fermé.

Médecine et droit nourrissaient depuis longtemps cette idée de l’homme comme code. Le savoir et les pratiques la confirment aujourd’hui, dont les méthodes utilisent procédures et algorithmes ; le code fait naître un nouvel ego. Personnel, intime, secret ? Oui. Générique, public publiable ? Mieux, les deux: double, je l’ai déjà dit du pseudonyme. (p.80)

Je ne peux m’empêcher que je m’insère directement dans cette veine : ce carnet de recherche, ce billet, ma démarche témoigne  de ma démarche intellectuelle, un fragment public de mes intérêts secrets.

Entre données et algorithme (ou procédure) naît Petite Poucette et ce paradigme nouveau pour redéfinir ce simplex de la société que l’on ne sait pas encore observer. Serres a su mettre en mots et faire l’éloquente dissection, dans Petite Poucette, de ce qui anime mon programme intellectuel depuis le début de ma carrière. Qui sera ce Ptolémée contemporain qui ajustera la doctrine pour enfin apercevoir le chemin tracé vers l’avenir ?

Canada Contenu culturel Préservation Questions Lecteurs

Exception pour une copie de sauvegarde

Il existe une exception pour habiliter les « personnes » – qu’elles soient physiques (les humains) ou mortales (les organisations) à effectuer des copies de sauvegarde d’objets protégés par le droit d’auteur. Il s’agit d’une exception édictée dans la révision de la loi en 2012, à l’article 29.24 :

Copies de sauvegarde

Copies de sauvegarde

29.24 (1) Ne constitue pas une violation du droit d’auteur le fait, pour la personne qui est propriétaire de la copie (au présent article appelée copie originale) d’une oeuvre ou de tout autre objet du droit d’auteur, ou qui est titulaire d’une licence en autorisant l’utilisation, de la reproduire si les conditions ci-après sont réunies :

a) la reproduction est effectuée exclusivement à des fins de sauvegarde au cas où il serait impossible d’utiliser la copie originale, notamment en raison de perte ou de dommage;

b) la copie originale n’est pas contrefaite;

c) la personne ne contourne pas ni ne fait contourner une mesure technique de protection, au sens de ces termes à l’article 41, pour faire la reproduction;

d) elle ne donne aucune reproduction à personne.

Assimilation

(2) Une des reproductions faites au titre du paragraphe (1) est assimilée à la copie originale en cas d’impossibilité d’utiliser celle-ci, notamment en raison de perte ou de dommage.

Destruction

(3) La personne est tenue de détruire toutes les reproductions faites au titre du paragraphe (1) dès qu’elle cesse d’être propriétaire de la copie originale ou d’être titulaire de la licence qui en autorise l’utilisation.

 

Cet article édicte également certaines modalitées d’application à l’article. Constater que le terme « DONNER » à l’alinéa 1.d) peut porter à confusion, il est important de se questionner si l’on applique le sens commun ou non. Plus précisément, est-ce qu’une bibliothèque ou une organisation similaire peut effectuer le prêt documentaire d’une copie de sauvegarde d’un bien? Étant bibliothécaire (je ne suis pas avocat), je ne peux fournir une opinion juridique sur ce point, mais il convient de préciser que le Code civil du Québec édicte des régimes distincts pour les dons et pour le prêt de biens, où il y a perte du droit de propriété dans le cas du don et non dans le prêt.

Cette question mérite une attention plus sérieuse que celle que je puisse y réserver ce lundi matin…

Accès libre Afrique Anniversaire Universités

Autour de Florence Piron : Science Afrique, SOHA, DICAMES

Il y a de ces personnes que j’ai l’honneur de côtoyer et surtout, qui m’inspirent par la passion qui anime leur démarche. Une de ces personne est la professeur Florence Piron au département de d’information et de communication de l’U. Laval. En plus d’être absolument rigoureuses, ses recherches sur la justice cognitive sont d’une envergure impressionnante quant à leur impact sur les communautés partenaires. Je ne peux vous donner q’un bref aperçu de ses efforts qui semblent sans limites:

Tu es une inspiration Florence, merci pour tout ce que tu fais !

Accès libre Montréal

Visionnement du documentaire « Paywall » mardi le 23 octobre de 17h à 19h30 à l’Université Concordia

Paywall: The Business of Scholarship (Full Movie) CC BY 4.0 from Paywall The Movie on Vimeo.

Je vous invite chaleureusement au local VA-114, situé au 1395 René Lévesque Ouest de l’Université Concordia, pour visionner le documentaire Paywall: The Business of Scholarship, suivi d’une table ronde à laquelle je participerai avec d’autres collègues. Le tout s’inscrit dans la semaine du libre accès / open access week.

L’événement est gratuit mais nous vous prions de vous inscrire avant: https://www.eventbrite.ca/e/paywall-film-screening-qa-on-open-access-tickets-51308584357

Le service de communication de l’Université Concordia diffuse également un article sur le libre accès, articulant certaines stratégies mises en place par mon employeur en lien avec le libre accès.